RĂ©my Rioux: “Despite the crisis, AFD is maintaining its level of activities in 2020”
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07 septembre 2020 Ă 10h34
Par Estelle Maussion ( /auteurs/e.maussion/ )
Le rĂ´le des banques de dĂ©veloppement en pĂ©riode de crise est crucial mais RĂ©my Rioux, le patron de l’AFD appelle Ă ne pas oublier le soutien aux PME pour sauvegarder le tissu entrepreneurial africain.
Porter un discours « disruptif » mais « le plus honnĂŞte possible » sur l’Afrique. Telle est la mission – en plus du financement de 500 projets par an sur le continent – de l’Agence française de dĂ©veloppement (AFD) et de son patron depuis 2016, RĂ©my Rioux (https:/ www.jeuneafrique.com/781862/economie/remy-rioux- reconduit-a-la-tete-de-lafd-sur-recommandation-demmanuel- macron/).
CrĂ©Ă©e en 1941 et implantĂ©e Ă Dakar dès l’annĂ©e suivante, l’AFD a, en 2019, approuvĂ© 14 milliards d’euros de financement dans plus de cent pays dont la moitiĂ© en Afrique, elle dispose de 30 agence dans 49 pays. Autant dire que le continent – et en particulier le Sahel – constitue une prioritĂ© pour ce bras armĂ© de la France en matière d’aide au dĂ©veloppement, qui concentre ses financements sur des secteurs Ă fort impact social : l’Ă©nergie, l’Ă©ducation, l’accès Ă l’eau et Ă l’assainissement, l’agriculture, notamment.
Cette action s’accompagne de publications rĂ©gulières. La dernière en date est un atlas ( Atlas de l’Afrique – AFD. Pour un autre regard sur le continent, publiĂ© le 26 aoĂ»t chez Armand Colin), regroupant une centaine de cartes inĂ©dites pour Ă©valuer et prĂ©senter les progrès du continent en matière de dĂ©veloppement. Il s’agit de « rendre justice Ă l’Afrique » – en rappelant que le continent pèse dĂ©jĂ autant en termes de population et de produit intĂ©rieur brut (PIB) que l’Inde – tout en « rappelant sa diversitĂ© » mais aussi « sa capacitĂ© Ă innover».
Le rĂ©sultat met en avant, malgrĂ© le contexte difficile, «l’impressionnant chemin parcouru par le continent », souligne RĂ©my Rioux, Ă©galement prĂ©sident du Club international de la finance du dĂ©veloppement (IDFC).
Jeune Afrique : Quels enseignements sont à tirer de la période actuelle de crise, sanitaire et économique, provoquée par la pandémie de coronavirus ?
RĂ©my Rioux : J’en vois deux principaux. D’une part, l’intĂ©gration africaine ou plutĂ´t les intĂ©grations africaines progressent indĂ©niablement. La rapiditĂ© et la cohĂ©rence de la rĂ©ponse africaine Ă cette crise sanitaire l’ont, pour le moment, bien montrĂ©. D’autre part, contrairement Ă l’idĂ©e rĂ©pandue de systèmes de santĂ© dĂ©faillants, nous avons vu des organisations – pourtant peu dotĂ©es en personnel de santĂ© – fonctionner et rĂ©ussir Ă mobiliser d’autres acteurs sociaux ou mĂŞme la mĂ©decine traditionnelle dans la lutte contre le coronavirus (https:/ www.jeuneafrique.com/942074/societe/coronavirus-loms- doit-faciliter-les-recherches-sur-lartemisia/).
L’Ă©pidĂ©mie est loin d’ĂŞtre finie mais j’ai Ă©tĂ© très intĂ©ressĂ© par notre incomprĂ©hension de l’Ă©volution de la Covid-19 en Afrique et notre trouble face Ă une rĂ©alitĂ© africaine qui n’entrait pas dans des cases prĂ©Ă©tablies. C’est exactement l’esprit de notre atlas qui vise, Ă la suite du discours de Ouagadougou du prĂ©sident Macron en 2017, Ă changer les regards.
Si la rĂ©ponse sanitaire a Ă©tĂ© Ă la hauteur selon vous, qu’en est-il de la rĂ©ponse Ă©conomique ?
La crise Ă©conomique est, elle, certaine et profonde et chaque acteur doit se mobiliser très vite. Avec un point auquel il faut ĂŞtre très attentif : Ă©viter le dĂ©chirement du tissu de PME existant. On parle beaucoup des questions de santĂ© et de dette des États mais il faut aussi se prĂ©occuper de micro-Ă©conomie. On sait combien l’accès au crĂ©dit Ă©tait dĂ©jĂ compliquĂ© avant la crise, il faut se mobiliser pour Ă©viter les faillites et la bascule des activitĂ©s dans le secteur informel. Bref, ne laissons pas tomber le secteur privĂ© africain !
Proparco, notre filiale dĂ©diĂ©e au secteur privĂ© (https:/ www.jeuneafrique.com/756044/economie/france-senegal- proparco-va-ouvrir-un-nouveau-bureau-a-dakar/), poursuit et renforce le dĂ©ploiement de l’initiative Choose Africa avec près d’1,5 milliard d’euros investis depuis dix-huit mois en soutien aux start-up, TPE et PME africaines. Il faut faire beaucoup plus et bâtir une large coalition financière, car les dispositifs pour rĂ©sister Ă la crise ne sont pas encore Ă l’Ă©chelle.
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