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Why Africa is not doing so badly

The English version of this content will be available.

L’Agence française de développement (AFD) publie un atlas qui offre un regard inédit sur le continent africain. Une invitation à changer de regard. Explications avec Rémy Rioux, directeur de l’AFD.

 

L’Afrique noire est mal partie, s’inquiĂ©tait l’agronome RĂ©nĂ© Dumont, au milieu des annĂ©es 1960. L’Afrique est Ă©tranglĂ©e, insistait ce pionnier des questions environnementales vingt ans plus tard. Faut-il dĂ©sespĂ©rer de l’Afrique ? Surtout pas. Sans nier les dĂ©fis climatiques et dĂ©mographiques, Ă  travers une centaine de cartes, l’Atlas de l’Afrique offre un regard inĂ©dit. L’occasion de porter un autre regard sur un continent qui comptera un tiers de la population mondiale dans moins d’une gĂ©nĂ©ration.

Pourquoi le continent africain, qui est le plus proche de nous, est-il aussi le plus mĂ©connu, comme vous le soulignez dans la prĂ©face de cet atlas ?

Chaque année, nous interrogeons les Français sur la politique de développement. Deux tiers d’entre eux tiennent à ce que nous concentrions notre action sur l’Afrique. Nos compatriotes ont un vrai intérêt pour ce continent, ses philosophies de vie, sa musique, sa culture, sa capacité d’innover, sa résilience, son formidable potentiel pour réconcilier la nature et l’homme. La preuve, les livres sur l’Afrique connaissent un succès certain en librairie. En même temps, vous avez raison, beaucoup connaissent mal cet immense espace qu’ils réduisent bien souvent à la seule Afrique subsaharienne, en restant prisonniers de certains imaginaires. Porter un autre regard sur nos voisins, honnête, informé, attentif, c’est l’ambition de cet atlas.

Sa population devrait doubler deux fois au cours du XXIe siècle. La dĂ©mographie africaine est une bombe Ă  retardement ?

Voyons les choses sous un autre angle. Ce continent, qui a Ă©tĂ© tragiquement vidĂ© de ses forces Ă  l’époque de la traite esclavagiste, est un territoire aussi vaste que l’Union europĂ©enne, les États-Unis, l’Inde, la Chine et le Japon rĂ©unis. Avec 1,3 milliard d’habitants vivant sur 30 millions de km2, sa densitĂ© est plus faible que les autres rĂ©gions du monde. Il faut prendre la pleine mesure de toute l’Afrique. Qui sait aujourd’hui que l’Afrique, c’est l’Inde, avec exactement la mĂŞme population et la mĂŞme richesse ? Et avec un potentiel bien plus Ă©levĂ©, un jeune sur deux de moins de 25 ans sera africain en 2070. Et la croissance dĂ©mographique gĂ©nère la croissance Ă©conomique.

C’est dĂ©jĂ  le cas ?

Oui. Le revenu par habitant y augmente sans discontinuer depuis vingt-cinq ans. Comparés à leur Produit intérieur brut, les pays africains consacrent beaucoup plus d’argent à l’éducation que nous. Depuis trente ans, ils ont mis de façon massive leurs enfants à l’école. Il reste maintenant, dans bien des pays, à relever le grand défi de la qualité de l’enseignement. Parallèlement, on observe un recul rapide de la mortalité infantile. Et l’actualité nous montre, à l’occasion de cette crise de la Covid-19, que, contrairement à ce qui a été écrit beaucoup trop rapidement, les pays africains ont bien réagi, alors que leurs systèmes de santé étaient supposés être plus fragiles que les nôtres.

Mais certains en Europe brandissent la menace de vagues migratoires venues d’Afrique.

Encore une reprĂ©sentation Ă  revoir : les migrations se font en majoritĂ© Ă  l’intĂ©rieur du continent africain et non de l’Afrique vers l’Europe. Et les migrants vont le plus souvent vers le sud. Savez-vous qu’à Johannesburg ou Ă  Harare, beaucoup de chauffeurs de taxi parlent français. Ils viennent de GuinĂ©e ou de CĂ´te d’Ivoire, et ils savent que la rĂ©gion la plus riche du continent, c’est l’Afrique australe.

Finalement l’Afrique ne va pas si mal ?

Elle a fait de très grands progrès en trente ans. Elle nous intéresse. Elle peut nous inspirer. Elle est, par exemple, en avance pour les énergies renouvelables ou dans certains usages du numérique. L’AFD participe avec d’autres acteurs français et africains à l’initiative Digital Africa qui finance des incubateurs, des start-up, des innovations. On dénombre en Afrique plus de personnes ayant un compte bancaire mobile que dans le monde entier. Cet atlas présente toute la diversité du continent et met l’accent sur l’Afrique qui s’invente.

 Source : OUEST FRANCE